3°age,Tiers-Etat

80% des vieux et des enfants sont empêchés, par des adultes névrosés, de se poser la question du sens de la vie

Il est offensant pour l’esprit de laisser l’enfant interroger le dessin des feuilles mortes dans une cour d’école, pendant que son grand-père en fait autant, dans la même solitude, sous les arbres de sa maison de retraite. S’ils trouvaient l’occasion de le faire ensemble, sans doute comprendraient-ils davantage pourquoi les feuilles naissent et meurent. Chacun d’eux possède un élément de la réponse.

Encore! si la faculté de contempler ainsi ce qui les entoure leur était laissée à chacun, même séparé­ment, ce serait déjà une belle victoire sur le néant et l’insignifiance. Il est inutile de rappeler le complot dont la société moderne est coupable envers les vieillards qu’elle oblige à « épouser leur temps »; mais, afin de mesurer davantage son étendue, et pour mieux illustrer qu’il est question de l’Homme entier, on devrait se pencher un peu plus sur le sort qui est fait de nos jours à l’enfant, car c’est le même. Le traitement auquel il est soumis, là-bas, de l’autre côté de la vie, est identique : il importe à ses parents de lui permettre d’entrer au plus vite dans le temps des adultes, qui est celui du mouvement frénétique, du coup il passe du foot au judo et de la console au devoir de maths sans jamais regarder les feuilles mortes.