La France des ploucs, c'est sans conteste celle de Hollande, Valls, Sarkozy et Macron, qui a les poches pleines et le coeur vide.

Que l'on pardonne à un écrivain dont la bienveillance à l'égard des gens simples a toujours été le fonds de commerce (et qui récidive chaque soir sur TVL dans une série explicitement consacrée à  "la France qui a du mal") de réagir avec une lassitude ravie quand il entend Buisson souligner l'importance de la ploucophobie dans la conduite des affaires publiques

Que l'on pardonne à un écrivain dont la bienveillance à l'égard des gens simples a toujours été le fonds de commerce (et qui récidive chaque soir sur TVL dans une série explicitement consacrée à  "la France qui a du mal") de réagir avec une lassitude ravie quand il entend Buisson souligner l'importance de la ploucophobie dans la conduite des affaires publiques en France, sous Nicolas Sarkozy. Cet état d'esprit, que Patrick Buisson attribue à une Carla Bruni en pleine phase de conquête de la psychologie fragile de son mari, gouverne les élites françaises depuis la chute de Giscard d'Estaing pour des raisons précises. Le goût de la notoriété et de la richesse d'autrui, que manifeste Nicolas Sarkozy à travers les pages terribles que son ancien conseiller lui consacre, a emprunté, grossièrement, et le mot est à prendre ici dans les deux sens, le canal de la gentry de Neuilly-sur-Seine, dont on sait que Sarkozy était proche et qu'il a voulu gouverner avant de changer d'échelle. Cette ambition elle-même trahit l'importance de cette "France de Neuilly" dont il fait partie et qui est issue du même moule exactement que le sien. Quand Buisson dit que Sarkozy et Hollande sont jumeaux, il ne se demande pas pourquoi, or il aurait pu le trouver tout seul, ils sont issus de la même matrice, du même oeuf: la famille de pensée qui gravitait autour du Lycée Pasteur et d'où sont sortis François Hollande, la bande du Splendid alias les Bronzés etc. Quel est leur point commun? Celui de la ploucophobie, précisément: ils font partie d'une frange de nantis qui lisent Françoise Sagan et Michel Foucault et qui s'entendent sur la définition d'une nouvelle élite, anti-giscardienne à défaut d'être anti-bourgeoise, qui laisse le peuple loin derrière.

A l'époque les gens simples regardent avec bienveillance cette famille étroite de la rigolade subversive qui joue tous les rôles, qui essaie toutes les casquettes . Y compris, dans la série Les Bronzés notamment, mais plus tard aussi dans le Dîner de Cons, celle des pauvres qu'elle ne connaît pas et qu'elle n'a jamais fréquentés. Elle le fait donc à sa manière, offensante, ignorante, méchante. Le propre des amuseurs de la gauche post soixante-huitarde, est d'inviter le public des salles non à se moquer de tout le monde mais à se moquer de certains devant tout le monde.

Ces fantaisistes qui chassent en bandes pour humilier, sont responsables du remplacement d'un humour franchouillard certes poussif mais rassembleur (Gérard Oury, Pierre Richard, Darry Cowl, Paul Préboist, Péchin, Topaloff, Sim, Robert Lamoureux, Fernand Raynaud, Les Charlots etc) par un autre humour plus rapide, plus aigu, qui fait mal expressément à une partie de la population et qui la fait sortir du jeu, en lui déniant toute humanité au nom des idées nouvelles, progressistes, obligatoires - et de l'esthétique fashion victim de Carla Bruni.

Pour se donner l'illusion de ne pas se prendre au sérieux socialement  on imite les jeunes technocrates décalés à chemise ouverte qui rôdent en 1975 autour de Mitterrand et qui affichent leur dédain de Giscard : on va voir les spectacles déjantés, et on se contente de l'image du Peuple que décrivent les gens élevés au lycée Pasteur, celle d'une bande de ploucs. On déteste l'image du père (Sarkozy, Hollande, Royal, Valls ont des parcours filiaux très voisins, père inaccessible et/ou méprisant, divorcé). On déteste aussi celle du militaire, celle de la droite traditionnelle, celle du prêtre. Au fil des années suivantes on dérive naturellement vers l'humour Canal Plus qui est le même, celui d'une frange ultra-nantie de l'opinion qui fait semblant de déconner mais qui légifère sur tout, qui s'enrichit partout, qui fait de la production à Cannes, et qui inflige à la France profonde l'humour des Deschiens, c'est à dire finalement qui invente le mythe des sans-dents. François Hollande est exactement dans le même sillon, on le voit pérorer à 25 ans sur son salaire, il dit à la caméra qu'il pourrait n'aller au bureau que pour passer ses coups de fil, il méprise ouvertement les institutions qui le nourrissent, qui le décorent, et qu'il préside à présent, tout en ne supportant que les brasseries de luxe et la France des châteaux. Le rapport de tous ces gens à l'histoire, à la religion, à la langue française, à la Nation, à la vie elle-même est également lamentable et rudimentaire. En plus ils adoptent systématiquement le point de vue mondialiste et l'indulgence forcée pour l'immigration qui ambitionne de faire ressembler l'Europe à une espèce d'Arizona truffé de centres commerciaux où des gens de toutes les origines serviront des tacos et du riz tandoori dans des barquettes en plastique en écoutant Rihanna.

Seulement voilà, avec la France de Buisson, qui est aussi la mienne, puisque j'ai été élevé en face du Lycée Pasteur à Sainte Croix de Neuilly, et puisque j'ai payé mes études en y retournant comme pion pendant que les Bronzés faisaient fortune, la machine à tout corrompre est en train de s'enrayer. La vulgarité de ces gens nous a conduits au bord du désastre. Il est temps de dire que la France qu'ils ont prise pour un pays de ploucs pendant quarante ans s'est sournoisement réunie, rassemblée, liguée contre eux, leur prétention et tous ceux qu'ils ont invités au banquet sans vérifier l'identité des convives. La collusion instinctive entre le peuple, le vrai, ce qu'on appelle la France profonde, et les anciennes élites conservatrices collet-monté qui avaient de la morale, de la sagesse, de l'humilité, de la grandeur, est en train de se manifester (armée comprise).  Du coup on voit sourdre un peu partout la certitude effarée que les vrais ploucs, qu'on appelait autrefois des parvenus, ceux qui compromettent le destin de la nation, ceux qui l'ont endettée, ceux qui l'ont désarmée, ceux qui la livrent à ses ennemis, ceux qui l'ont vendue à la découpe, c'est eux. Et quand on voit Emmanuel Macron se livrer à un show poussif à l'américaine, d'ailleurs illustré par des Français de base piochés dans les banques d'images californiennes, on a l'impression que les nouveaux ploucs l'ont désigné, hâtivement, pour recoller ce qui peut l'être, mais il n'est pas sûr que ça marche.