Campagnol

Quand le cumul de fonctions et le conflit d'intérêt se déchaînent entre la poste et l'épicerie

Quand on parle de cumul des mandats et de conflits d'intérêt, on pense souvent aux membres du conseil constitutionnel, aux maires d'une grande ville, aux directeurs d'un établissement public prestigieux mais la France de Campagnol, celle des gens simples, c elle dont j'essaie de faire valoir le point de vue ici de temps en temps vous offre des exemples tous les jours  de cumul des mandats et de conflits d'intérêt. Sauf que ça se passe entre la poste et l'épicerie alors on en parle beaucoup moins: quand le maire de votre village fait passer certains terrains du statut agricole au statut de zone d'artisanat, le prix du mètre carré, lui, dans certains coins de la commune, passe d'un euro à cent. Et alors ? Alors  c'est pas neutre pour le propriétaire figurez vous. Et quand en plus le propriétaire est le gendre du maire, comme c'est bizarre, le maire enrichit son gendre. L'ennui est qu'il appauvrit souvent au passage des voisins qui ne voulaient pas d'un atelier ou d'un parking à proximité de leur villa et comme j'en connais un , je vous raconte son cas à toute allure, ce ne sera pas long. Donc c'est l'histoire de l'un de ces pauvres villageois dont la maison est le seul bien, et qui apprend que la Mairie songe, justement, à faire un parking à côté, un atelier, un dépot d'engins sur le terrain voisin, alors qu'il s'agit d'une forêt protégée mais nous en parlerons une autre fois.
Que fait-il, il court à la petite agence bancaire de son village, 500 habitants,  où il souscrit une assurance protection juridique qui porte un nom en A genre tranquila, serena, Pacifica, tiens pacifica ça sonne bien, en plus ça existe. Pour quoi faire? pour payer un avocat. Donc il attaque la décision dont il est victime, devant le tribunal administratif. Or il se trouve que le maire du village, qui est la cause de sa ruine, devient entretemps directeur de l'agence bancaire locale. Mon villageois n'a pas de chance mais finalement quand on y pense la France non plus n'a pas de chance d'être un pays où l'on peut faire légalement des choses aussi honteuses.Premièrement le maire en tant que directeur de la seule agence locale est capable de contrôler en permanence la surface financière des gens qu'il administre et donc pour les soumissions d'appels d'offres en tant que maire c'est comme s'il avait ouvert l'enveloppe, il va écarter certaines entreprises en fonction de ses informations de banquier, c'est inévitable même s'il s'en défend, même s'il prétend que c'est son adjoint qui présidait la commission d'appels d'offre. Ca veut dire ensuite que l'assurance juridique qu'il vient de vendre à mon petit propriétaire, cinq euros par mois, permet à ce dernier de se défendre oui mais contre qui ,contre lui le maire, c 'est à dire celui qui lui a vendu l'assurance, puisqu'il est aussi son banquier et celui qui, comme maire, pour reprendre l'expression brutale du plaignant, l'a foutu dans la merde.
Renseignement pris auprès du siège central du Crédit Agricole à Paris ce sac de nœuds est parfaitement légal. Rien n'interdit en France d'être à la fois directeur de la seule agence bancaire du village , et maire, donc capable de faire ou de défaire les fortunes foncières tout en vendant des assurances protection juridique contre les décisions qu'on est, soi-même, amené à prendre. Plus absurde tu meurs, et c'est l'une des raisons pour lesquelles certains Français se sentent un peu malades en ce moment.