Campagnol

(Transcription de l'émission) -- Au lieu de bachoter son économie, Mme Le Pen aurait dû s'avancer vers le peuple la main sur le coeur comme Evita Peron mais elle n'a pas su.

Après avoir tant parlé, avant les élections, de ce qu'on disait au bar de mme Le Pen dont on se demandait si elle était la candidate du peuple parce que son rival Macron, comme on l'a vu n'avait que très peu de rapports avec la population réelle du pays

, après avoir parlé de l'avant élections, disais-je, il faut dire un mot de l'après, et nous avons vu refleurir là récemment, de nombreux commentaires au comptoir sur le ton je l'avais bien dit, lorsque la candidate malheureuse s'est séparée, ou quand elle a vu partir, on ne sait pas,, son collaborateur principal. Au mois de mai tout le monde rappelait au bar qu'il était énarque donc on se demandait ce qu'il faisait avec elle. Là tout le monde a dit, lorsqu'il est parti, c'est normal il était énarque. Je vous ai parlé d'un type de chez nous qui était, autrefois de gauche, qui vient de temps en temps au bar et qui commente ces choses-là parce qu'il était correspondant du Midi Libre, eh bien lui résume la situation en des termes qui méritent d'être rapportés car tout le monde avait l'air d'accord avec son explication, le patron, les clients, et moi aussi je l'avoue. Il nous a dit Marine Le Pen est populaire et l'opinion attendait de la voir faire ce que tous les gens simples auraient fait à sa place, j'entends, elle devait dire clairement : la France est infestée d'énarques et de bacs plus 8 qui n'ont aucun caractère mais qui gouvernent en téléphonant aux banquiers , je me propose de les remettre au service du peuple en tirant parti de leurs compétences, pour ma part je n' ai pas d'autre compétence que le jugement, la psychologie, le bon sens, l'expérience de la vie. Ca voulait dire, continue l'ancien journaliste au bar, que lorsqu'on l'interrogeait à la télévision sur son programme économique, il ne fallait pas qu'elle bachote comme ça tout le temps pour être au niveau, ou pour ne pas être au niveau, il fallait qu'elle dise moi j'ai ce qu'on pourrait appeler un programme moral, pour l'économie vous voyez mon équipe et si je suis présidente n'attendez pas de moi que je commente à la télévision les variations de taux comme un type qui aurait travaillé vingt ans dans une salle de marchés. Ce qu'elle aurait dû dire c'est moi mon but c'est de rassurer la dame qui ne sait pas comment s'en sortir, c'est de dire personne ne sera laissé au bord du chemin, c'est de rendre la société moins administrative et moins implacable envers ceux qui ont peur de l'avenir. Donc elle aurait dû devenir une Madone, une evita Peron, et se faire aimer du peuple en faisant preuve de persuasion dans la bonté, mais elle a préféré montrer qu'elle était au niveau techniquement dans tous les domaines, elle a voulu montrer qu'elle faisait de l'économie et qu'elle avait autant de culture que n'importe qui. C'était une stupidité. Parce que vu la complexité des choses aujourd'hui, on n'est jamais au niveau techniquement, on est toujours débordé par les marchés, par la croissance des autres, par des détails qu'on a négligés; en revanche la seule chose qui marche vraiment en politique c'est de comprendre les gens.Et pour cela de les connaître. Il ne suffit pas d'aller les voir, il faut les aimer. J'ai essayé de l'interrompre en lui disant qu'elle allait à la rencontre du pays, on pouvait lire ça dans tous les journaux, mais il m'a dit ça ne sert à rien d'aller vers les gens si tu n'es pas l'un des leurs.J'ai objecté tout de même c'est une fille de privilégiés, elle n'allait pas jouer les pauvres mères de famille. Il m'a répondu non mais les gens qui réussissent en politique sont ceux qui interrogent leur propre vie pour y trouver des choses en commun avec la foule. Tu veux des exemples c'est facile, on nous a dit elle a un problème avec son père, avec son nom etc. Elle n'avait qu'à s'adresser à toutes les femmes de son âge pour leur dire laquelle d'entre vous n'a pas de problème avec son père ? Et toc, elle gagnait la sympathie de la femme de cinquante ans; On nous a dit elle n'a pas de culture, elle n'a rien lu etc. Elle n'avait qu'à dire que dans sa génération, ça a été la galopade permanente depuis l'âge de 18 ans, que le monde n'a pas arrêté de bouger, et qu'elle aurait bien voulu devenir une lettrée elle aussi, mais que voilà, elle était une parfaite représentante de sa génération, celle qui n'a pas eu le temps, celle qui s'est réveillée tardivement, celle qui a déjà du mal à écrire un discours sans filet.Et en matière d'économie, on nous a dit que son programme était nul, mais au lieu de dire c'est le mien, j'assume, j'ai pensé à tout, elle aurait dû dire vous pouvez compter sur moi pour choisir de bons spécialistes et pour retenir les meilleures solutions. Quand tu hérites d'une entreprise et que tu n'y connais rien, tu ne débarques pas dans la salle des machines ou au service comptable pour essayer d'apprendre le métier à toute allure, tu t'arranges pour comprendre où va la société où est le marché, quel est le poids de l'endettement, que valent tes collaborateurs.
Là-dessus notre ancien journaliste a fini sa bière et il a entendu la réflexion habituelle avec tout ça pourquoi tu lui as pas écrit?
Ben, justement parce qu'elle n'aurait pas répondu, a t-il dit. A moi il m'a dit en sortant, j'ai écrit, et même à deux membres de son équipe, pas même un accusé de réception.