Cet ancien avocat de Toulouse dont j'ai parlé récemment à propos d'une épave abandonnée devant chez lui, qui possède une assez grosse maison au dessus du village dans un nid de verdure, m'en a raconté une bien bonne comme toujours et comme toujours il fait précéder son récit de la phrase maintenant je suis en retraite et croyez moi ça vaut mieux.

C'est un type extrêmement nerveux, une sorte de corbeau, il s'appelle Bernard, le nom est ici pour un autre mais comme souvent je prends un pseudo dans la même sonorité ça m'aide à rester parallèle à la réalité. Donc ce Bernard a été frappé que je dise un jour ici même, que la justice décourage les gens de porter plainte parce que c'est l'une des dernières affaires qu'il a eu à traiter avant la retraite. On lui a dit de circuler et d'éviter de voir ce qu'il y avait à voir. Un type vient le trouver pour lui dire qu'il a été escroqué par son associé. Tous les engins de chantier en leasing ont été volés sur le parking, les bennes les tractos, les fenwicks, pas perdus pour tout le monde sans doute et à la société on n'a laissé que les dettes. Quand à l'associé il a récupéré les chantiers en cours avec une autre société qu'il avait montée en parallèle. Donc la première société, celle qui n'a plus d'engins , qui n'a plus que des dettes est mise en liquidation et le liquidateur demande à notre ami avocat, là, de défendre au moins les créanciers. Mais justement me raconte ce Bernard, le patron de la brigade financière me téléphone, ce qui n'arrive pratiquement jamais, pour me demander d'éviter de saisir le juge, comme ça le parquet peut classer sans suite sans se justifier. Ca arrange tout le monde. Le liquidateur ne va certainement pas se retourner contre l'avis du ministère public.
Là notre avocat campagnolais à la retraite, Bernard, marque une légère pause et je relance. Je lui demande
Alors quoi? quelle conclusion?. Alors vous ne voyez pas? Creusez vous un peu.
J'avais l'impression d'être dans un feuilleton de TF1 quand la femme flic secoue son brushing et quand elle explique à son adjoint, un type qui ne comprend rien, forcément parce que c'est un homme, quand elle dit voyons mon petit Jean Michel réfléchissez, et si je vous dis que dans la société en faillite hâtive, là, l'expert comptable avait non seulement une origine géographique très précise, mais il avait cent autres sociétés, toutes domiciliées chez lui dans un quartier chaud de Nîmes au milieu des poubelles et des dealers, et toutes en faillite, et dont les actifs partaient tous à l'étranger tandis que les dettes elles restaient en France.
Quand j'ai voulu savoir quelle était l'origine géographique de ce monsieur, il s'est retranché non derrière le secret professionnel mais derrière le souci de sa propre sécurité. Il m'a dit que le type n'avait même pas le titre français d'expert comptable, et qu'il avait menacé de mort les gens des impôts carrément en allant les voir . Et que ce sont les policiers français qui sont allés voir à leur tour les gens des impôts pour les dissuader de porter plainte, en gros ils leur ont dit qu'ils avaient rêvé personne ne les avait pas menacé d'un coup de kalash ils avaient mal entendu. Apparemment à chaque faillite les actifs des sociétés partaient tous au même endroit à l'étranger, tandis que les dettes restaient en France et que les créanciers ne pouvaient rien faire et tout ça menait à la même personne qui était proche de l'état étranger en question. Un état qui comme vous le vous pensez bien entretenait avec la France des relations très étroites, au niveau ministériel, on voyait les services du premier ministre en constante discussion avec l'entourage de notre expert comptable blanchisseur dans la capitale de ce pays étranger, mais on ne pouvait rien faire c'était le quai d'Orsay qui disait ça.
Et donc ? Et donc rien qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, a conclu Maître Bernard. L'Etat français protège des escrocs basés à l'étranger pour ménager de bons rapports avec le pays d'où ils viennent. Et comme vous ne pouvez pas changer les puissances en question il faut changer d'état.