Le Figaro & autres
Si les intellectuels français avaient un égal accès aux médias, la hiérarchie changerait en 15 jours.
La plupart de nos concitoyens sont convaincus que le système leur "fourgue" en permanence une pensée recommandée et ceux qui la profèrent, mais ils sont moins conscients que même ceux qui la critiquent sont triés sur le volet par les opérateurs de la machine à fabriquer les renommées. Il existe donc, comme on le voit pour Alain Juppé en politique, des opposants institutionnels, moins susceptibles que les autres de dire la vérité, moins coriaces, moins vertueux, moins insensibles à la flatterie, et qu'on peut donc manipuler aisément. En littérature les grands critiques de la pensée de gauche doivent avoir été de gauche, c'est plus commode, on a leur numéro de téléphone. Des gens comme Jean Raspail ou comme Renaud Camus ne sont jamais invités nulle part, ne sont guère vendus, n'ont plus d'éditeur, même si les autres, les institutionnels, leur font les poches en permanence. Il y a donc en France aujourd'hui un véritable maquis de la pensée, une résistance qui écrit et qui parle de Londres, et qui vaincra sans doute. Car l'une des raisons de son éviction des plateaux est que les temps sont mûrs, et qu'il suffirait bien souvent d'un seul entretien en direct pour que Marcel se penche vers Suzanne devant le poste en disant "il est très bien ce type-là, il faudra acheter son livre". On rêve d'un plateau composé de huit personnes qui auraient écrit sur le même sujet depuis six mois, quelle que soit leur couleur politique ou leur origine sociale. Elles essaieraient de convaincre non une poignée d'animateurs surpayés mais la France entière. Le top 10 de la pensée en France en serait légèrement bouleversé.