Le Figaro & autres
Quand un droit du travail hyper-protecteur comble le manque d'amour d'une société névrosée
Quand on contemple l’agitation médiatique avec l’œil plissé du peintre qui cherche à dégager les grandes lignes, on les reconnaît à chaque instant. Pour qui observe la ruche humaine avec froideur, les comportements deviennent de plus en plus prévisibles.
On s’étonne de ne jamais trouver de philosophes dans l’entourage des ministres car, si les auteurs de la loi sur le travail avaient été mieux conseillés, leur dispositif aurait été mieux accueilli. Ils auraient évité de donner à la jeunesse l’impression qu’elle allait être évaluée, alors que la terreur du rejet, le besoin de reconnaissance affective, caractérisent toute cette génération, sans compter la précédente qui n’a aucune maturité malgré ses cheveux gris.
Pour en avoir une idée, il faut lire la littérature française récente qui trahit une crainte majeure : celle de ne pas trouver sa place dans le regard et dans l’amour d’autrui. On la décèle dans toutes les interviews à propos de la loi El Khomri : les jeunes face au travail n’envisagent jamais l’hypothèse où leur futur patron serait convaincu de leurs mérites. Ils sont plutôt accablés par la quasi-certitude d’être mal aimés. Osons ajouter : comme ils l’ont été en famille à cause de l’égoïsme parental, de la dérive matérialiste du corps social entier, des divorces, de l’amoindrissement de la figure du père, tous facteurs qui concourent à fabriquer des geignards qui réclament la protection de la loi dès l'âge de 20 ans et dont la devise est “Chérissez-moi d’abord, je vous donnerai satisfaction après”.