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Le roi d'Arabie décoré par son valet de chambre

Le destin prend un malin plaisir à soumettre les hommes politiques à ce qu'ils redoutent le plus: la gestion socialiste des passe-droits du roi d'Arabie en fournit un excellent exemple.

 

 

La synchronicité, un phénomène mis en lumière par Carl Gustav Jung, tend à illustrer que le hasard nous ressemble. Nous attirons, par notre attitude, nos peurs, nos convictions, nos prétentions, des événements en apparence fortuits, mais propres à révéler une vérité qui constitue la plus grande part de notre portrait, qui emprunte des voies dites non causales, celles de la coïncidence, du déjà vu, de l'élément prophétique et qui se joue de nos intentions.

On ne saurait donner d'explication plus précise à la véritable damnation que subissent les gens de pouvoir quand les événements leur tombent sur le dos. Non seulement ils se révèlent le contraire de ce qu'ils prétendaient être, mais ils subissent tour à tour, chacune des avanies dont ils voulaient se garder. Les exigences du roi d'Arabie quant à la privatisation de l'espace public (qui font suite à des décennies de traficotage immobilier à Vallauris, de jongleries administratives entre préfet et cabinets d'études), assorties désormais de conditions draconiennes selon lesquelles «on» ne veut pas voir de policières sur la plage, suivies d'une remise de décoration invraisemblable donnent l'impression que la destinée inflige en ce moment à François Hollande , et à Najat Vallaud-Belkacem, une double peine pour présomption exagérée devant le réel. Non seulement le président qui n'aimait pas les riches a mis un genou à terre devant un nabab à la Bernard Blier, en oubliant de nous demander notre avis au passage, mais sa ministre de l'éducation, avec ses rodomontades sur l'égalité des sexes, a dû consentir au retrait des uniformes féminins pour ne pas offenser un potentat qui achète des bijoux par barquettes entières. On n'est pas à l'abri d'une troisième mi-temps où les propriétaires de bateaux seront priés ne ne plus faire de naturisme à cent mètres du rivage, où les bars du centre ville seront obligés de décrocher les calendriers du club de majorettes, et où le kiosque de l'aéroport Nice-Côte d'Azur vendra Lui et Playboy sous bandeau de papier craft . On dirait que la Providence attendait là nos compères socialistes avec un lance-pierres. Le plus ennuyeux est que cette loi de synchronicité, selon laquelle on attire ce que l'on redoute le plus, peut être appliquée à l'avenir en relisant l'histoire. Par exemple, que redoutait le général de Gaulle? La plèbe égoïste, l'anarchie, le déclin, qui l'ont rattrapé sur la fin. Et que redoute François Hollande? D'avoir à faire le tribun en temps d'insurrection, car il ne sait ni parler aux hommes ni les mener où il veut. Si la loi de synchronicité se vérifie, c'est donc ce qui l'attend . Au passage, nous aussi, ce qui n'est pas rassurant.

 

En tout cas quand on imagine De Gaulle confronté à l'histoire du permis de construire à Vallauris, on n'a même pas la force de hausser les épaules.