Le Figaro & autres
Les portraits de terroristes publiés dans la presse obligent, malgré tout, chacun à se reconnaître un droit d'analyse au faciès
Les journaux et les associations ont beau nous expliquer sans cesse ce qui est bien ou non dans notre manière de considérer autrui, on observe, une fois de plus, que le fossé se creuse entre ce qui est bien pour tout le monde, et ce que nous pensons juste et prudent pour nous-mêmes.
Par exemple on voit de plus en plus souvent des gens quitter leur wagon lorsque trois personnages "typés" y entrent avec un sac de sport. Que ce soit bien ou mal, les identités judiciaires publiées cent fois désignent un portrait robot du danger auquel les gens sont désormais instinctivement sensibles. Ils reconnaissent plusieurs fois par jour le profil du prédateur possible dans les circonstances les plus ordinaires. Du coup, ils s'en écartent. Ce n'est pas encore la loi de la jungle, mais c'est celle de la savane. Les associations devraient aller expliquer aux antilopes qu'elles doivent cesser de fuir au moindre bruit suspect autour des points d'eau. Il n'est pas certain que cela marche.