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(Transcription de l'émission) Quand la presse renonce unanimement à parler, sans doute sur ordre de l'Elysée, d'une affaire de terrorisme à l'acide à Paris

Maître Bernard, l'avocat qui m'a parlé récemment d'un expert-comptable qui avait une centaine de sociétés, la plupart en liquidation et qui blanchissait de l'argent vers d"autres cieux, des cieux qu'on n'a pas le droit de nommer, ce type à la retraite reste quand même très au courant de tout ce qui se passe de pire en France. Il m'a harponné l'autre jour comme ça dans la rue qui descend du cimetière. Il m'a dit je trouve que vous autres de la presse vous n'êtes pas curieux il n'y a aucun suivi.

Avant de le laisser aller plus loin car il avait visiblement un truc en tête, je lui ai dit que si la presse avait autrefois pour mission de suivre en effet des affaires pendant des semaines et de lever des lièvres, sa vocation était plutôt aujourd'hui de recevoir de l'argent du gouvernement et non de ses lecteurs puisqu'ils sont tous partis, et donc d'exprimer à la fois le point de vue du propriétaire du journal et celui du ministre avec lequel il dîne chaque semaine et qui lui dit alors tu vois ça comment pour mon plan com et ma réunion de mardi. Donc la presse française est très loin de Tintin reporter, c'est plutôt "rencontre avec", et le avec c'est souvent un futur candidat aux législatives et qui dit je suis content que vous me posiez cette questin. Je voulais juste vous parler, me dit mon avocat et voisin, maître Bernard, avec ses sandales de retraité et son air ordinaire mais rusé, je voulais vous parler d'un cas précis. Je m'en doutais . Eh bien figurez-vous qu'un de mes amis, un ancien bâtonnier de Montpellier, était en train de dîner cet été à Paris dans une espèce de brasserie sur les champs elysées sur une terrassemac, quand soudain une détonation a retenti très forte, à deux mètres de sa chaise, et le temps que le patron fasse lever tout le monde il y a eu trois autres bouteilles en plastique , qu'on a d'abord pris pour des bombes et qui en fait étaient des bouteilles d'acide avec de l'alu dedans il paraît que c'est ça qui provoque la détonation. Un type avait vu que ça venait du troisième on monte au troisième, la police arrive pendant que les gens essaient de défoncer la porte, on finit par coincer un quadragénaire et son fils de 14 ans qui étaient en train de sortir par derrière, et là même moi, qui connais bien l'Inde, et qui ai quelques amis au ministère de l'intérieur, je ne suis pas arrivé à savoir si le père et son fils étaient Pakistanais, secret défense. Oui parce que c'est une méthode d'agression qui s'est beaucoup répandue à Londres et qui est surtout le fait des Pakistanais en Angleterre, en tout cas chez nous vous regardez dans Google, il a encore douze pages de sites qui parlent de l'incident, tous les grands journaux, mais personne ne vous dit qui ils sont, de quelle origine, leur nom encore moins évidemment ni surtout ce qu'a donné l'enquête, c'est un fait divers passé sous silence, comme est passée sous silence la directive qu'a reçue mon ami le préfet du département, qui est de notre bord, entre nous soit dit, et à qui on demande de ne plus rechercher l'avis des élus dans les communes de plus de 5000 quand il s'agit de loger une famille de réfugiés syriens issus de Jordanie, du Liban ou de Turquie, non maintenant on vous les colle de force sans prévenir. Mais ce que je voulais vous dire, c'est l'inconséquence de la presse qui nous dit qu'à Raqqa à Alep, on est revenu à la paix, mais qui ne demande à personne pourquoi, puisque ces gens peuvent rentrer chez eux, puisque la guerre est finie, on les fait venir en avion chez nous, avec consignes aux préfets et tout le tremblement. Comme pour les gens qui jettent de l'acide la presse accepte, unanimement, de regarder ailleurs, comme ça sur un coup de fil, et je me permets de vous rappeler me dit-il, car il est au courant de mes propres déboires, que lorsque votre journal a reçu un appel il y a deux ans, et quand quelqu'un a dit ce type-là on n'en veut plus, vos collègues étaient en train de monter un comité Orwell mais ils n'ont pas monté un comité de soutien, pas plus que les brebis ne montent un comité contre leurs prédateurs, elles se contentent de se rassembler en espérant ne pas faire partie des prochaines victimes. On voit ça dans Orwell aussi, s'ils ont fondé leur comité ce doit être pour consoler les autres moutons quand il y en a un qui disparait sans crier gare.