La Presse

Revue de presse IV

Le Monde, Florent Georgesco, 2016

Simon Fouchet, dont Votre serviteur raconte la curieuse ascension de la fin de l’enfance à une maturité incertaine, paraît d’abord peu disposé à fuir quoi que ce soit. Poussé par « une ambition inquiète, impatiente, pleine de calcul et d’imagination », il se laisse au contraire entraîner dans les différents labyrinthes de son temps (les années 1960 et 1970) et espère bien s’y faire une place.

Ses aventures amoureuses lui facilitent d’ailleurs la tâche en lui faisant connaître les ressorts cachés de la vie sociale et, en un sens, il y réussit. Cette cavalcade d’un Rastignac des coulisses, que Christian Combaz mène avec entrain et brio, n’est pas pour autant qu’une fresque sociale de plus. Fouchet prend et laisse, abandonne ce qu’il conquiert, pense à autre chose. Il se découvre une tentation plus puissante que celles auxquelles il a si souvent et si délicieusement cédé Comment la nommer ? Elle a à voir avec le refus, le retrait. ...observer la nature, méditer, vivre lentement, s’éloigner des hommes, peut convenir. Simon Fouchet n’ira pas aussi loin. Mais son goût du grand âge lui a révélé une autre part de lui-même : « Le sentiment amoureux, qui allie à la crainte de déplaire le besoin du service, du sacrifice, l’envahit jusqu’à la souffrance, jusqu’à la pitié. » Il demeure auprès d’un vieil amant à l’agonie, laissant les autres triompher à sa place, rivé par la compassion, laquelle le transforme en ce qu’il est. Et Votre serviteur, livre brillant, ironique, d’un classicisme presque agressif, changeant de nature avec son personnage, se découvre une douceur inattendue, une beauté secrète, saisissante, qui lui donne une dimension plus vaste, vide et plein mêlés, comme s’il fallait se séparer du monde pour y pénétrer enfin.


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