Le Figaro & autres

Un président harceleur qui ne veut pas qu'on le quitte et qui s'incruste devant le digicode de la France profonde

L'insistance de François Hollande à frapper à la porte de l'opinion ressemble au comportement amoureux des séducteurs qui, ne supportant pas d'avoir été délaissés, font le siège de leur ancienne maîtresse pendant des mois afin d'essayer de renouer une relation compromise.

On peut tout dire et on a tout entendu: que son idylle avec le peuple aura été brève, qu'elle reposait sur un malentendu, qu'elle est en train de tourner à l'aigre. Mais on n'a pas assez dit qu'à l'exemple de ces pots-de-colle qui pianotent sur le digicode de leur ancienne maîtresse dans le hall de l'immeuble jusqu'à une heure du matin, il ne veut pas comprendre que «non c'est non». Grâce à l'entremise de France2, et des gens qu'il a nommés pour lui renvoyer l'image qui lui convient, il nous explique une énième fois qu'il a changé, il nous dit que nous ne devons «pas le prendre comme ça», il dit textuellement «la question n'est pas de savoir pourquoi ça n'a pas marché, mais de savoir comment ça va marcher désormais». En somme il nous a fait le coup du nouveau départ après la dispute.

Mais la France se souvient avec un peu de gêne des bordées de SMS quotidiens que Valérie Trierveiller, pendant la semaine qui a suivi son éviction, prétend avoir reçus, et qu'elle affirme d'ailleurs encore détenir, sur le thème «tu es la femme de ma vie, je t'épouse quand tu veux» . Un peu comme si ce président n'était finalement obsédé que par une chose: faire bonne figure, garder la face dans ses relations avec le pays, au mépris de toute logique, de toute vraisemblance, et hélas de toute raison, ce qui est typique des pervers narcissiques et des harceleurs. Par exemple sa méthode qui consiste à faire un pas en arrière dès qu'il a avancé d'un mètre devient préoccupante pour l'analyste politique: la fréquence des «même si» et des «en même temps» chez lui est tellement grande qu'elle trahit une incapacité à tracer une ligne nette entre ce qu'on fera et ce qu'on ne fera pas, entre ceux dont on s'occupe et ceux qui peuvent attendre. La phrase-type, la forme récurrente est «je fais le nécessaire même s'il reste encore des problèmes» ou bien «nous allons développer les lignes d'autocar même si le train est irremplaçable». Ce recours à l'opposition des termes, au balancement qui ne veut rien dire, mais qui donne l'illusion d'une délibération intérieure est parfois tellement caricatural qu'il en oublie de s'assurer que les choses qu'il oppose sont vraiment contradictoires, comme dans la phrase suivante: «j'ai, avec Mme Merkel des relations qui relèvent de la sincérité et, en même temps, de la franchise».En d'autres termes, je suis un élu de Corrèze même si je suis maire de Tulle. J'adore la purée même si j'aime bien les pommes de terre. Etc.

Finalement cet exercice qui consiste à murmurer un babillage de crétin à l'oreille du pays comporte plus de dangers que d'avantages puisqu'il révèle bien autre chose que ce qui est dit sur le moment. Il montre que le président, même s'il s'en défend, (mais la défense est le principal de sa tactique) est entré en campagne électorale par une sorte d'impuissance à faire mieux que d'essayer de convaincre. On se demande comment l'Association professionnelle des psychiatres n'a pas encore publié un communiqué à son sujet car il présente tous les symptômes du manipulateur qui n'est jamais responsable de rien et qui refusera à jamais d'avoir tort, jusqu'au délire et jusqu'au désastre, jusqu'à la dissolution, hautement probable, qui lui permettrait d'entretenir l'illusion de décider, de modifier une dernière fois le cours des choses. Le seul moyen pour les séducteurs qui ne savent pas instaurer une relation stable avec l'être aimé et construire quelque chose est de chercher à séduire encore et toujours, pour construire une image acceptable de soi-même, puis détruire si cela ne marche pas. L'argument selon lequel il veut réussir ceci ou cela «pour pouvoir se regarder dans la glace» est d'ailleurs tellement fréquent dans sa bouche qu'on s'étonne qu'il ne soit pas commenté plus souvent. Le ton aigu qu'il adopte est celui du débatteur bloqué dans le registre de l'auto-justification, sa voix trahit une sorte d'indignation permanente à l'idée qu'on puisse douter de sa sincérité, de sa profondeur, de son épaisseur. Le fait de s'interrompre pour laisser passer un reportage pendant lequel vos hôtes commentent ce que vous avez dit comme si vous n'étiez pas là revient à se prêter à un simulacre qui va exactement dans le même sens: le modèle interrompt la séance de pose pour aller regarder le tableau .

Mais le faux-semblant le plus grave concerne le prétendu rapport avec les "citoyens" triés sur le volet, car  l'essentiel n'est pas d'entendre ce que les gens ont à lui dire, mais de dresser un tableau de ses propres convictions au sujet des thèmes évoqués. Une fois de plus, il s'agit de son image, mais il ne s'aperçoit pas que de retouche en retouche, elle s'enlaidit sans cesse et compromet le destin du pays.

Nous sommes les otages d'un malade mental.

 

Voir aussi

Fascisme tendance Casimir: le Président intimide les journaux et les juges tout en souriant aux enfants.

http://s610914067.onlinehome.fr/clickandbuilds/vieilleespece/index.php/le-figaro/18376-fasc