Le Figaro & autres

Le prochain De Gaulle vit déjà incognito au milieu de nous, et il hausse les épaules au seul nom de Ségolène

La première leçon de notre histoire récente est que la France d’aujourd’hui nourrit déjà depuis vingt, trente, cinquante ans, ceux qu’elle acclamera demain. Inconnus ou méconnus, ils sont parmi nous. Ils analysent la vie sociale en attendant l’heure d’agir. Nous nous demanderons bientôt comment nous avons pu les ignorer si longtemps. Nous sommes semblables à ces myriades d’objets célestes dont le tournoiement est influencé par un puits de gravité invisible dans lequel ils tomberont un jour.


Pendant la moitié de sa vie, le général de Gaulle fut un officier obscur qui passait pour un théoricien raseur. Personne n’aurait imaginé qu’il allait exercer une attraction newtonienne sur le pays entier. Aujourd’hui, c’est cette force dense et secrète que nous devons déceler autour de nous malgré la médiocrité de la comédie sociale. Il suffit de regarder la télévision en se demandant ce qu’on nous cache pour en mesurer l’énormité.
Quand on nous affirme que « personne n’a la trempe d’un De Gaulle aujourd’hui », on ne veut pas admettre que son successeur soit là, devant nous, perdu dans la foule, et que le pays l’ait déjà plébiscité sans le connaître.