3°age,Tiers-Etat

La vieillesse, quoi qu'on veuille, est une extinction avant d'être une renaissance.

La vie se corrompt sans cesse et s’éteint. Pendant des siècles on l’a compris, mais on ne veut plus le savoir. Longtemps, les hommes se sont consolés de ce méchant phénomène en développant des facultés destinées à suppléer celles qu’ils devaient perdre. L’abstraction, l’art et la religion font partie de ces conquêtes qui présentent un double avantage : elles sont inaltérables et elles sont transmissibles. Ainsi l’humanité tout entière s'est-elle organisée pour faire pièce à la nature, à la souffrance et au néant par la morale, la pensée, la mémoire.

Dans une existence il vient toujours une heure où la nature vous rappelle au néant par la souffrance. On peut encore tromper la nature par les injections de cellules fraîches, il y a des cliniques pour cela. On peut avoir raison de la souffrance par la chimie du cerveau. Mais il n’y a qu’un seul moyen de vaincre le néant, c’est d'aimer et de raisonner jusqu’au consentement suprême afin de pouvoir se dire : « Allons, quoi qu’il advienne désormais, j’ai soldé le compte".