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Vieille dame plaquée au sol par une brigade anti-émeutes: dans l'esprit du trentenaire les vieux n'existent pas

Voilà des années qu'on nous rabâche que les mamies sont formidables et qu'on les voit faire de la course à pied .

Voilà plus d'une génération que l'on dit aux vieux "soyez comme nous, essayez de rester semblables aux adultes d'âge mûr, ou disparaissez". L'un des premiers résultats (nous le voyons dans cet épisode à la fois pittoresque et pitoyable de la veille dame qui manifestait contre une coupe d'arbres dans sa ville) est que dans l'esprit du CRS élevé en batterie, 25 ans, femme smicarde, deux enfants mal élevés couverts de jouets en plastique, un pavillon blanc, pas de grands parents, pas de tête blanche à la maison, pas même la plus vague notion du sens de la vie, la vieillesse n'existe plus. C'est une humanité qui ne se distingue en rien de l'autre, l'humanité générale. Elle n'a plus de réalité spécifique, pas de leçon particulière à donner. Elle a disparu. D'ailleurs il suffit de voir la couleur des cheveux du Président. Si une mamie brandit une pancarte dans la rue, désormais c'est une adulte comme une autre, c'est un élément à gérer, on gère, on ne lit même pas la pancarte, on plaque au sol, on met les menottes, on gaze à bout portant. A force de nier les âges de la vie, d'affubler son fils de quatre ans d'un blouson de cuir, de se teindre les cheveux, de se faire gommer les rides, de déguiser les grands-mères en championnes de marathon, nos contemporains finissent par réduire les gens qui les entourent à un fonctionnement unique et par leur appliquer un traitement unique, celui qu'ils ont reçu de l'école, de l'école minable des années Jospin, de l'école des crétins qui nous ont menés là, de l'école du degré zéro de l'humanisme.