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Fleur Pellerin vole au secours d'un producteur de porno privé sur fonds publics

Notre ministre de la Culture qui à force de s'occuper de choses essentielles n'a même plus le temps d'ouvrir un livre s'est trouvée une cause urgente à défendre: permettre l'accès des spectateurs de moins de 18 ans à un film où l'on voit, selon certaines rumeurs, un organe masculin dans les meilleures dispositions. C'est à la fois très courageux de la part de la ministre, et très prioritaire en ce moment comme chacun peut en juger. Non, c'est vrai, la France entière espérait qu'elle allait, toutes affaires cessantes, voler au secours d'un producteur privé, sur fonds publics

, pour lui éviter de boire le bouillon sur une provocation . C'est fait, nous voilà soulagés. Le fait que ledit producteur l'ait inondée de propos vengeurs au mois de juillet en prétendant qu'elle faisait le jeu du Front national si elle interdisait le film aux mineurs, le fait que le réalisateur ait un carnet d'adresses capable de ruiner n'importe quelle carrière publique sur trois coups de fil, n'ont absolument rien à voir avec le revirement de la ministre. Elle a pris sa décision en toute indépendance.

 

Toutefois elle n'a pas osé reprendre, pour justifier sa démission morale, l'argumentation de son adversaire sur l'omniprésence de la pornographie sur internet (qui selon lui autorise désormais n'importe quoi au cinéma). Il a pourtant raison, sur Internet on voit tout. Raison de plus pour que l'Etat use des infimes privilèges qui lui restent en restant fidèle à sa règle de protection des mineurs, afin de décourager notamment les surenchères futures (zoophilie? inceste?) , mais aussi pour rappeler que la puissance publique se doit d'entretenir le mince parapet du sens commun comme on entretient les phares d'Ouessant même si tout le monde a un GPS. Hélas! désormais c'est une représentante du gouvernement qui attaque la décision d'un tribunal administratif devant le Conseil d'Etat. On mesure la valeur de l'exemple. C'est un peu comme si un parent d'élève venait gifler la prof de français devant la classe entière en lui demandant de s'excuser à genoux. Ah bon? La chose s'est déjà produite?

 

Eh bien, soit! continuons sur cette brillante lancée. Je me demande si, pour lutter contre les progrès du Front national, Fleur Pellerin a choisi la méthode la plus intelligente. Mais il est vrai que ce n'est pas le mot qui vient naturellement à l'esprit quand on évoque son action en faveur de la culture française. Rappelons que trois jours après avoir confié qu'elle n'avait pas une minute pour lire le prix Nobel, elle a perdu la moitié de l'après-midi à regarder brûler le dernière étage de la maison de la Radio au milieu des pompiers. Un tel sens des priorités force l'admiration.