Le Figaro & autres

Macron comme la plupart des politiques a fui son père, mais Marine a affronté le sien.

Nicolas Sarkozy, François Hollande, Ségolène Royal, Martine Aubry, et désormais Macron qui a renié sa famille et épousé le double de sa mère, ont tous et toutes à des titres divers subi l'indifférence, l'inconséquence ou parfois l'hostilité de leur père, handicap qu'ils ont choisi de surmonter en démontrant ailleurs, dans leurs études, dans leurs campagnes électorales, des qualités d'analyse et d'énergie qui étaient faites pour étonner leur milieu d'origine. Dans certains cas c'est à se demander si elles avaient un autre objet.

Chacun d'entre eux a sans doute pensé souvent "j'aurais aimé que mon père, qui doutait de moi, assiste à cela". Chez tous les personnages cités plus haut, le défaut de la cuirasse est là tout entier. Inutile d'entrer dans le détail, mais tout le monde sait qu'ils ont regretté de n'avoir pu liquider le contentieux en prouvant leur valeur à ceux qui affectaient d'en douter. Leur père était le premier d'entre eux. Le cas de Macron est invraisemblable, et il est invraisemblable que personne ne relève l'évidence de sa névrose oedipienne, au moment où il s'agit de briguer le pouvoir suprême, celui qui normalement tient sa légitimité du rapport au père, de son équilibre. Voilà un type dont ont voit tout dans les journaux, sauf l'essentiel, d'où il vient, ses parents, ses frères et soeurs. La lobotomie. Macron est traité par Paris Match comme l'Antéchrist. Rien sur ses géniteurs comme s'il était tombé d'une coulisse éternelle, comme s'il était né d'un éclair jupitérien. Il serait temps de rétablir la vérité, qui est bien plus simple: nous avons affaire à un monstre de narcissisme, ivre de lui-même, tiré à quatre épingles, qui se nettoie les mains tous les quarts d'heure, et qui ne veut pas avoir de parents parce qu'il a décidé de son destin.

 Marine Le Pen échappe à cette catégorie. Elle a longtemps vécu dans le voisinage immédiat de son géniteur, moralement et physiquement, elle lui a résisté, elle lui a désobéi, et désormais elle l'affronte sur ses terres idéologiques et administratives, ce qui est d'une originalité profonde parce qu'on on s'était habitué aux rancoeurs chafouines de ceux qui ont un problème avec l'autorité, de ceux qui ne veulent pas l'exercer, de ceux qui nous font croire qu'ils l'exercent en copains pour ne pas imiter leur père, qu'ils ne voient jamais, qu'ils ont renié sans un mot (qui a lu une interview du Docteur Gustave Hollande, père de François?). Marine Le Pen visiblement n'a aucune envie de terminer sa carrière comme les autres en dissimulant ses blessures quitte à faire payer son problème oedipien à la nation entière. Elle entend le régler. Il n'est pas certain qu'elle y parvienne. Mais au moins si c'est le cas, elle y gagnera une légitimité devant l'opinion qu'aucun des moi-je qui ne savent ni réformer, ni décider ni convaincre n'ont encore acquise, même pas dans leur propre famille. Quand on demande au Dr Hollande ce qu'il pense de son fils, il répond qu'il a fait de bonnes études.

Sous-entendu: si vous avez laissé monter un chafoin narcissique jusqu'au sommet de l'Etat, demandez des comptes à l'ENA et au système, pas à moi.

C'est que nous entendons faire.