Le Figaro & autres

L'inévitable "Printemps algérien" risque fort de tourner pour la France à l'hiver du siècle.

 

Dans notre société à la mémoire courte, l'imagination du futur est comme atrophiée. Pourtant le pouvoir algérien moribond (http://www.lopinion.fr/edition/international/algerie-pouvoir-en-apnee-100041) laisse présager de bien sombres heures pour la France, sur fond communautariste.

Rappel d'une série d'incidents violents à propos d'une victoire au Brésil. https://youtu.be/kZm2cVR-e4Q
(2014) Les indifférents au football qui se sont levés tôt pour poser leur tasse de café au coin du clavier avant de consulter les nouvelles de la nuit seront certainement tombés sur le titre du Monde «Victoire de l'Algérie: de la joie et quelques incidents».Titre d'après lequel il était, hélas, trop facile de déduire l'importance des incidents en question, car rien désormais de ce qu'écrivent les médias sur ce genre de sujets n'est insignifiant. On peut même dire que tout y est signifiant avec une majuscule. Ainsi l'opposition entre joie et incidents est-elle tempérée par l'emploi de «et» à la place de «mais». Mais surtout l'usage du pronom indéfini «quelques» réduit leur importance à des proportions acceptables.

Acceptables par qui? Par le rédacteur en chef, par les lecteurs qui ne veulent pas d'histoires, et surtout par ceux qui n'y étaient pas, car ceux qui y étaient ont supprimé le pronom indéfini dès le départ. Il y a bel et bien eu «des incidents» pour ceux qui les ont vus. D'ailleurs c'est bizarre mais une heure plus tard dans le Parisien ou l'Equipe, le «quelques» avait sauté. Quant au Monde au fil des éditions et des précisions, il nous apprend que les scooters et les poubelles ont brûlé dans une atmosphère «bon enfant», ce que leurs propriétaires admettront sans doute avec «quelque» difficulté.

Plaisanterie à part, le fait qu'il nous faille désormais décoder le langage de la presse prouve que l'intimidation communautariste ne fonctionne pas que dans la rue. Elle s'étend largement au monde des journalistes. Bientôt quand on voudra désigner la légère anomalie que représente le fait d'aller tambouriner à la porte de ses voisins pour leur dire que votre équipe de foot a gagné, il faudra faire l'éloge de ceux qui s'en abstiennent. Il faudra appuyer sur la remarquable discrétion de la communauté irlandaise de Paris le jour de la Saint Patrick, et rappeler qu'aucun chinois, le jour de la fête du Dragon, n'a jamais arrêté le trafic à la Concorde ni songé à faire embrasser son drapeau par les passants sur les Champs Elysées.C'est curieux mais, lors du printemps égyptien ou tunisien, on n'a observé non plus aucun mouvement de foule à Paris ou Marseille.

On aimerait que Manuel Valls, si prompt à devancer les menées anti-républicaines des mégères versaillaises à propos de la famille traditionnelle, essaie d'imaginer plutôt les conséquences d'un printemps algérien à Paris. Et là nous ne sommes pas tirés d'affaire. La direction de ce pays est en perte de vitesse, de crédit, de tout, et tôt ou tard une foire d'empoigne va commencer à Alger, parce que rien ne s'y passe jamais dans le calme. En quoi cela concerne t-il la France ? En ce qu'elle n'a pas fini d'en bouffer sur toutes les chaînes, du "frère algérien".