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Pourquoi l'allumé de l'Elysée s'éteint dès qu'on lui parle d' "ambition intime"

Imaginons un instant que François Hollande se prête finalement à cette fameuse émission de M6 dont tout le monde parle et qui consiste à bavarder sur un canapé blanc avec une fille souriante. Eh bien! à supposer qu'il accepte ce qui est difficile à imaginer car il n'a même pas répondu à l'invitation, l'exercice serait un désastre. Les gens qui ont regardé le bavardage de Nicolas Sarkozy ont d'abord manifesté une curiosité de départ pour essayer de repêcher le personnage comme s'ils se souvenaient d'avoir été indulgents avec lui au début. L'exercice n'a pas été inutile. Une espèce de sincérité un peu navrée semblait l'habiter, on sentait qu'il n 'était pas fier de tout ce qu'il avait fait, on sentait qu'il aspirait à être autrement, en somme, on avait l'impression d'être en face de quelqu'un de souffrant .

Tandis que la résistance de François Hollande au portrait en gros plan s'explique très bien par le fait qu'il n'y a rien à voir. Les pervers narcissiques ont horreur de ce genre d'exercice. Ils sont terrifiés par la relation directe, par ce qu'on appelle une franche explication. Rien n'est franc chez eux, et rien n'est franc chez lui. Quand il convoque, une trentaine de fois, deux journalistes à sa dévotion, pour leur livrer le portrait qu'ils réclament, il est évident que le portrait c'est lui qui l'a réclamé. Il croit, comme tous les pervers narcissiques, qu'il va pouvoir changer la donne sur un entretien tardif, or même si le portrait est complet, même s'il couvre tous les sujets, on s'aperçoit vite qu'il n'y a rien derrière celui qui parle. Toutes les femmes qui ont eu affaire à ce genre de séducteurs imbus d'eux-mêmes peuvent témoigner que la phase la plus délirante est celle de la rupture, ou de l'éventuelle nième tentative de réconciliation. Ils mettent toutes leurs forces dans la bataille, ils sont prêts à toutes les promesses, à tous les mensonges, mais François Hollande n'a jamais compris que ce stratagème, s'il peut marcher avec une victime unique, une femme qu'on a déçue, ne peut pas s'appliquer au corps social entier. En d'autres termes depuis le temps que le pays analyse instinctivement sa conduite, de débat en conférence de presse, d'émissions spéciales en allocutions, il a compris qu'il avait affaire à un malade qui ne dit jamais je vais faire ceci ou cela, mais "des actions seront menées". Une fois qu'elles l'ont été, s'il s'agit d'un succès ce qui est rare, il dit que c'est lui qui en est l'auteur . Mais si le résultat est nul, ce qui est fréquent, il dit : "j'ai demandé à ce que, nous verrons ce que nous pouvons faire". Il y a soudain collégialité des intentions, des décisions, et cela peut aller jusqu'à la résolution de se défaire brutalement de ceux qu'il rend responsables de ses échecs. Il se défile. On voit bien d'après les nombreux extraits du livre d'entretiens déjà parus dans la presse que son style n'est pas celui, gaullien, des préceptes que l'on assigne à l'action publique, mais plutôt celui de la façon dont elle est perçue. Pourquoi ?

Eh bien c'est là le plus grave : parce que la façon dont l'homme est perçu par l'opinion constitue le portrait tout entier, la totalité de l'image qu'il a de lui-même, et le seul mobile de son action est là : faire illusion, avoir raison contre toute évidence, ménager les apparences. Il nous a répété vingt fois qu'en fin de mandat il voulait pouvoir se regarder dans la glace, alors que le pays ne peut plus le voir en peinture. On n'insiste jamais assez sur le fait qu'il existe deux sortes de personnages publics. Ceux qui sont encore quelqu'un quand ils ont fini de parler, et ceux qui ne sont plus rien dès que le micro est fermé. François Hollande est, sans conteste, dans la deuxième catégorie.


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