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Querelles de filles en politique: elles n'ont pas pu tuer le père et nous en subissons les conséquences

L'un des thèmes les plus éculés dans le monde politique français depuis vingt ans concerne la désinvolture, l'ironie, la galanterie appuyée, offensante, avec laquelle les hommes traiteraient les femmes, fussent-elles ultra-diplômées, phénomène attribué au machisme latin, etc.

Depuis dix ans, elles vont même jusqu'à parler de violence à propos des disgrâces qu'elles subissent, des jugements qu'on leur applique, des révocations soudaines, comme celle qui frappa la plupart des ministres femmes de Juppé après le remaniement de 1995 et qui leur valut le sobriquet de Jupettes. Mais en vérité, quand on examine la question d'un oeil égal, c'est-à-dire neutre au sens propre, ni masculin ni féminin, on s'aperçoit que les femmes entre elles sont plus violentes que jamais depuis vingt ans et probablement plus encore sous les socialistes pour une raison simple : les hommes ne sont plus là pour atténuer cette violence en incarnant une autorité morale indiscutable, capable de faire honte à ceux et celles qui déchaînent des querelles d'adolescents à table.

Les hommes politiques sont pourtant très nombreux à occuper le terrain, mais ils ne font pas le poids. Le paysage est peuplé d'une foule de personnages de peu d'épaisseur, au profil mal défini, qui passent leur temps à répondre à des questions sans intérêt sur des chaînes de télé sans audience. Hamon, Le Maire, Macron, Mariton, autant de seconds couteaux à l'égo insistant à défaut d'être dominant. Or justement, la raison pour laquelle les femmes de premier plan deviennent rapidement impitoyables les unes envers les autres est que personne n'est vraiment là pour pour incarner la profondeur qui fait taire la niaiserie à table. Vous savez, celle qui était autrefois dévolue au père dans les familles, et à défaut au frère aîné, en tout cas au mâle quand il disait "quand c'est non c'est non, et la discussion est close".

Pourquoi ? Parce que le système s'est arrangé au fil des années pour éradiquer, à l'américaine, le machisme institutionnel, administratif, médiatique, verbal, et pour laisser entendre que l'autorité naturelle, ça n'existe pas. Le mâle qui dit non doit aller se faire soigner. On l'a dit en ces termes vingt fois à Sarkozy, les doubles pages de Marianne en étaient pleines, c'était un cinglé, il avait le culot de se fâcher pendant le conseil des ministres, etc. 
Du coup, on se retrouve en 2012 avec un successeur qui ânonne des discours à la Casimir et qui parle aux journalistes plutôt qu'à ses ministres. On est dans une sorte de cour de Louis XVI où rien n'est plus codifié ni garanti. Les gens qui détiennent  le pouvoir de dire non sont de moins en moins nombreux. D'ailleurs, les textes leur interdisent presque tout . Les médias les condamnent au moindre écart de langage. On a même pu voir une députée socialiste considérer comme une offense majeure le fait qu'un collègue ait dit au micro "c'est qui cette nana ?". Dans une situation psychologique comme celle introduite par Hollande, mâle fuyant et narcissique qui ne dit jamais oui et jamais non de peur d'être mal vu, les tempéraments féminins qu'on appellera pudiquement "en recherche" (ultra-nombreux autour de lui, et qu'il traite comme un goujat) se déchaînent les uns contre les autres. Est-ce pour prendre sa place ? Pas du tout, quand on y réfléchit c'est par dépit d'avoir émasculé le père et le frère aîné, et d'en être réduit à vivre une Régence perpétuelle, avec des prétendants poudrés comme Macron, des représentants qui ne représentent plus personne, des anciens du royaume à la Juppé, mais elles sentent bien que Versailles n'est plus ce qu'il était.


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