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Les lesbiennes pionnières de l'aviation nous fournissent un puissant indice sur leur taux d'exposition aux androgènes

Quand on applique à la question de l'homosexualité la méthode intuitive qui consiste à s'écrier " il y a sûrement quelque chose là-dessous", on est frappé de mesurer l'extraordinaire correspondance entre les théories de Baron Cohen sur le cerveau mâle, ses rapports avec la troisième dimension, et l'histoire des pionniers de l'aviation. Des pionnières notamment. Si la théorie selon laquelle tout tient au déplacement du curseur génétique et hormonal vers la masculinité, voire l'hyper-masculinité, les femmes lesbiennes devraient présenter, outre leur goût pour la mécanique et les choses de l'air, des caractères mentaux et physiques propres au genre mâle.

Une promenade à grandes enjambées chez les premières aviatrices célèbres permet de se convaincre que les passionnées de vol ont reçu beaucoup d'androgènes. Le premier trait commun, y compris chez les femmes mariées, c'est le côté extraordinairement compulsif de cette passion d'autant plus imprévisible et spontanée que l'aviation venait à peine de naître . L'engouement pour l'air chez un certain type de femmes entre 1900 et 1940 est tellement immédiat et obsessionnel qu'il invite à s'interroger. La plupart des pionnières ont tout abandonné pour l'avion, tout négligé pour satisfaire cette passion qui leur a bien souvent coûté la vie. La galerie de portraits est spectaculaire à l'exemple de celui d'Hélène Boucher, qui, sous son casque en cuir, ressemble à Jean Gabin dans la Bête Humaine.

Elle mène une carrière intrépide de pilote d'essai, fréquente assidûment la fille du peintre Van Dongen, et ne se marie pas. La première brevetée au monde, Élisa Léontine Deroche, commence sa carrière en 1910 et bat plusieurs records d'altitude. Elle meurt célibataire. Marie Marvingt est décorée de la croix de guerre comme pilote en 1915 après avoir parcouru pendant des mois les tranchées sous un uniforme masculin. Extraordinaire pilote sanitaire, parlant sept langues, elle reçoit des tombereaux de décorations et passe son brevet d'hélicoptère à 80 ans. Morte célibataire. Maryse Bastié, engagée dans le combat féministe aux côtés d'Hélène Boucher et d'Adrienne Bolland après la guerre, était mariée mais sans enfants, tout comme Adrienne Bolland elle-même mariée sur le tard mais très amie avec Liane de Pougy dont la réputation était à l'époque assez ambivalente. Aux Etats-Unis la figure de Bessica Raiche est légitimement célèbre, non seulement elle fut une pionnière de l'aviation après avoir construit son avion dans sa cuisine mais elle vivait en pantalons dès 1910, parlait plusieurs langues, peignait, jouait de la musique et finit gynécologue en Californie. L'histoire ne dit pas si elle contracta un mariage d'amour ou de raison mais elle était mariée à un avocat. Amelia Earheart, pilote habituée des records, écrivain, mariée à la condition de garder une certaine liberté (on a retrouvé la lettre à son futur mari), à la silhouette garçonne très prononcée, disparue dans le Pacifique avec tous ses secrets. Cette liste doit mentionner pour finir la première femme astronaute, Sally Ride, qui est morte d'un cancer en 2012 et dont le lesbianisme a été évoqué, à sa demande, lors de son oraison funèbre.