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Le peintre Jean Giovelina, narrateur et figure centrale de Nus et vêtus, le seizième roman de Christian Combaz, par bien des aspects, se présente comme un alter ego de celui-ci. Retiré depuis une vingtaine d'années dans une province éloignée de Paris, il travaille en solitaire et construit obstinément une ouvre en désaccord déclaré avec les tendances du moment et les modes. L'un et l'autre en effet ne travaillent " ni pour l'industrie ni pour l'édition, mais pour la postérité qui coûte cher aux artistes et ne rapporte qu'à leurs descendants ". Le regard toujours critique et le verbe acide, ils observent les dérives du monde alentour, tandis qu'ils affectent semblablement de se draper dans une manière de pose aristocratique qui leur vaut au mieux beaucoup d'indifférence, au pire de solides inimitiés. Sans illusion sur le présent, même si quelquefois un peu de gloire leur échoit, ils ont définitivement arrêté de s'en remettre au jugement de la seule postérité.
 
Un roman qui démarre comme une pétillante chronique des années 40-70 et qui finit sur une méditation essentielle : qu'avons-nous fait de nous-mêmes, de l'amour, du désir ?Le roman commence sous l'Occupation, s'élabore dans l'après-guerre, et, conduit jusqu'aux années 70. Les personnages ont vingt ans, quarante ans, cinquante... tout est joué alors, tout est fini ou, plus sinistrement, tout continue, chaque jour plus fané, plus réduit, automatique et désespéré.
 
La dérive de Wladimir, 15 ans, condamné par une grave maladie du sang, et de son père, Jaroslav, alcoolique notoire, musiciens de rue tous les deux, poursuivis par la mafia pour dettes. Un récit d'aujourd'hui imprégné des contes et de l'univers russe du XIXe siècle
 
Roman métaphysique et théâtral, La Barque de nuit décrit une journée où les masques tombent. La famille Lion est réunie autour de son patriarche, un industriel de l'aviation, un octogénaire qui vit ses dernières heures. Valentin, son petit-fils, âgé de dix-huit ans, vient d'apprendre que sa naissance a été filmée en vidéo et que des copies du film circulent chez ses oncles. La souffrance qu'il en ressent l'oblige à agresser sa mère, puis tout le cercle familial, avec une maladresse paranoïaque des plus désastreuse. Il finira par provoquer des révélations dont il ne voulait pas et dont tout le monde se serait bien passé. Huis clos à la fois tragique et souriant, cette histoire (dont le narrateur est un spectre) pose férocement la question des apparences et celle de l'après-vie. "Anouilh n'est pas si loin", écrivait François Nourrissier en 1990 à propos de A ceux qu'on n'a pas aimés, un roman de Christian Combaz dont la réédition chez Fayard coïncide avec la parution de ce texte.
 
Extraits de Novara Ouest (à paraître)
 
Qui aurait pu penser que la vie d'un homme connu pour ses découvertes en astronomie, Tycho Brahe (1546-1601), puisse fournir la trame d'un passionnant roman ? L'art du conteur n'y est pas pour rien, qui utilise le procédé d'un proche de TB, son "nain" familier et d'esprit brillant, Jeppe, pour nous conter sa vie mouvementée.
TB s'est rendu célèbre pour son travail astronomique de mesure des positions des astres, avant l'invention de la lunette, mise au point peu après par Galilée (1609). Tout cela semble bien classique tant que l'on ignore que TB est une espèce de tyran local (il règne sur une île du Danemark), arrogant, cruel et imbu de ses privilèges, fort peu croyant (l'inquisition brûlera encore sur le bûcher Giordano Bruno en 1600) et surtout adversaire apparent des thèses héliocentriques de Nicolas Copernic (1473-1543).
 
Un jour de l’année 1914, Charles de Habsbourg , petit-neveu de François Joseph, se hâte de quitter Salzbourg pour une visite privée.
Ce garçon de vingt sept ans, brun, timide, cherche à mettre en rapport la vie dissolue de son défunt père Otto, qui passait sa vie au lit des prostituées, avec d’autres égarements dans sa famille, histoire de se convaincre que son père n’était pas, dans le clan Habsbourg, le mouton le plus noir.
Le pauvre jeune homme a beau parler le hongrois et le latin, il a beau porter l’uniforme avec toute l’aisance souhaitable, il lui manque une solide définition de lui-même.
Or le portrait de son père est particulièrement incapable de la lui fournir.