La nouvelle selon laquelle l'Allemagne suggèrerait, à ses ressortissants, de stocker la nourriture et l'eau pour dix jours en cas de pépin fait un peu froid dans le dos. Quand ? mais là, la semaine dernière, à la fin du mois d'aôt 2016, vous n'êtes pas au courant?

Eh bien ce qui fait froid dans le dos justement, entre autres, c'est que personne n'en ait parlé chez nous. D'abord s'il avait fallu en parler, on aurait menti comme en Allemagne sur les vraies raisons de cette recommandation effarante. Oui en Allemagne figurez-vous qu'on a essayé de leur faire croire que c'était en prévision d'une confrontation avec la Russie à propos de l'Ukraine qu'il fallait entasser les boites de petits pois. Non mais sincèrement, qui y croit ? Personne, en tout cas à Campagnol, chez moi, personne. Qui croit que les chars russes vont débarquer à Berlin, à part deux ou trois chaines de télé solubles dans le socialisme Sonia Rykiel? En vérité la plupart des Allemands a très bien compris que si on leur demandait d'acheter des boîtes, c'était dans l'hypothèse où ils devraient rester chez eux et calfeutrer les fenêtres parce que quelque ennemi (intérieur celui-là), déversait un produit chimique quelconque ou un agent biologique. Ah bon et quel ennemi intérieur? Allons arrêtez de poser des questions idiotes. Et pourquoi chez nous la même consigne n'est-elle pas passée, pourquoi ne parle t-on pas de celle qui a été diffusée chez nos voisins ? De deux choses l'une, ou le risque est moins élevé, ou il est bien plus élevé. S'il est moins élevé, ça ne sert à rien d'en parler vous avez raison, il ne faut pas crier au loup quand le loup n'y est pas. Si le risque est bien plus élevé qu'on ne le croit, si le loup y est, il devient dangereux d'en parler. Hélas la deuxième explication est la plus probable. En France la cohésion sociale ne tient qu'à un fil, et ce fil est souvent celui de l'information. Il suffit de lire les journaux et surtout d'écouter radios et télés pour se rendre compte que le fil de l'information chez nous est particulièrement conducteur, donc plus personne n'y touche de peur de se prendre une pêche. Les gens sont donc laissés dans l'ignorance des vrais dangers qui les guettent (et que connaissent visiblement les services secrets allemands et j'imagine les nôtres aussi) parce ce que, ce qu'on craint désormais, ce sont les réactions en chaîne. Alors on me dira mais nous sommes loin de cette france placide et muette dont vous nous parlez, la France de Campagnol qu'est-ce qui vous prend? Eh bien nous sommes au contraire en plein dans le sujet. Cette france dont je parle et là laquelle vous faites allusion, c'est la moitié de la population du pays qui occupe 97 pour cent du territoire. C'est sur elle que nous pouvons compter si vraiment une déflagration du type 11 septembre devait se produire, c'est elle qui a sauvé le pays plusieurs fois dans son histoire, et celle-là n'a pas peur de nommer le danger, elle a l'habitude de l'affronter et surtout de le vaincre .
En plus, des conserves et de l'eau potable, elle en a déjà.