Extrait des “Ames douces”, une descente de police dans un sauna fréquenté par des prêtres en 2008
Mon interlocuteur Giuseppe, qui occupait des fonctions administratives importantes au diocèse de Novara, me reçut dans une espèce de réfectoire lugubre au pied de la cathédrale San Gaudenzio , pour affirmer que les choses ne pouvaient durer longtemps ainsi : l’Eglise catholique allait devoir énoncer, sur cette question comme tant d’autres, un message conforme à l’enseignement du Christ, sans quoi elle allait périr de ses contradictions.
Quelques années plus tard, le débat est donc devenu public comme il le prévoyait. La prochaine étape est imminente.
L’ancien pape s’est retiré de la vie officielle au milieu d’allégations selon lesquelles la question homosexuelle ne serait pas étrangère au climat détestable qui régnait au Vatican. On attend, cette année, d’un synode annoncé comme fracassant, des prises de bec historiques sur un thème qui risque de réveiller des choses cachées depuis la fondation du monde et dont nous devinons la teneur.
Mon prêtre Giuseppe, qui est mort depuis, avait donc raison lorsqu’il me décrivait ce qui allait se passer. Mais il n’aura pas dû attendre si longtemps, puisque trois semaines après notre entretien à l’Antarès de Turin, la police débarquait dans cet établissement historique pour une rafle anti-weirdo qui mériterait largement l’ illustration sonore de la danse macabre de Saint-Saëns.
Nous sommes en 2008, le 17 avril tard dans la soirée et les carabiniers de Turin arrivent à cinq voitures dans un square tranquille d’un quartier chic pour une descente en règle dans l’établissement le plus célèbre de toute l’Italie du Nord. La porte voûtée donne sur un vestibule rouge peuplé de statues dorées, de miroirs et encadré de colonnes doriques rayées de rouge et de blanc. Un tableau sulpicien représente Jésus couronné d’épines entre deux miroirs. L’officier en charge de l’opération croise un client qui s’en allait les cheveux mouillés devant les vestiaires et le renvoie avec sa veste grise sur l’une des chaises du bar où il se lamente en chevrotant. C’est un grand type aux cheveux blancs, soixante quinze ans au moins qui réclame le secours de quelqu’un avant de s’effondrer sur un banc la main sur le coeur. Il réclame sa trinitrine car il est cardiaque. L’âge des policiers, autour de la trentaine, contraste violemment avec celui de la clientèle, plutôt le double. Plusieurs jeunes femmes en uniforme de carabinier tiennent la dragée haute à cette vingtaine de vieux messieurs tout nus qui occupent visiblement dans la société une position enviable et qui sont en train de chercher leur slip. Une métaphore parfaite de l’occident contemporain qui explique pourquoi la jeunesse en a assez. Le monsieur qui paraît au bord de l’évanouissement est le premier qui tend ses papiers, puisqu’il était rhabillé pour sortir. Père Giovanni X. Missionnaire en Afrique, de retour dans sa famille pour quinze jours. Les autres habitués, nus à l’exception d’une serviette de toilette qui leur entoure les hanches, refluent vers le bar et sont parqués par les policiers en uniforme qui visitent les cabines de massage. Chacun est reconduit tour à tour vers son placard au milieu des gémissements et des menaces. La scène est aussi sinistre que celle des damnés de Visconti où les SS ouvrent le feu sur des soldats sans chemise . Le filtrage de la clientèle rappelle tant de scènes identiques dans l’histoire, à commencer par celle du bal des maricones de mexico en 1901 qu’on a l’impression de revoir sans cesse la même mise à mort rituelle. Certes on ne risquait pas sa vie dans le quartier de la Crocetta à Turin en 2008 pour avoir été plaqué nu dans le couloir des douches par une trentaine de fonctionnaires payés mille euros par mois (et menés par une femme). Mais l’intention de nuire et d’humilier est bien là. L’opération s’est déroulée sur dénonciation d’adversaires politiques, voire religieux. La qualité des prises de guerre en témoigne. Outre le missionnaire italien qui était venu voir sa vieille mère, il y a un évêque suisse à lunettes, et un autre qui appartient au monde orthodoxe, avec sa barbe grise et ses mollets blancs. Un acteur de théâtre de 80 ans, deux footballeurs du club local, un ancien maire de la ville de tendance extrême droite, un président d’université, et des jeunes gens roumains, kosovars, et maghrébins qui jurent n’avoir jamais monnayé leurs charmes. Et puis deux prêtres de paroisse, des curés de village de la province de Côme et un acteur de spaghetti western au prénom composé. La police fait arrêter la musique, éclairer les lieux qui baignaient dans une lumière tamisée. Les corps sont blafards, on n’entend plus que le bruit de l’eau dans les douches, au dehors les lumière bleues des gyrophares balaient les façaces dans le nasillement des radios de bord, c’est absolument sinistre, il n’y manque que le pilori in piazza mais la presse s’en chargera le lendemain. Aux Etats-Unis on publierait la photo des coupables sur un site facebook.
Six ans plus tard l’établissement a rouvert sous le même nom. La décoration a changé et le côté gymnase a été accentué pour faire taire les rumeurs. Le souvenir de cette opération d’un autre âge, à peine digne de l’Egypte de Moubarak (52 homosexuels dans une cage en 2009), plane sur l’Italie moderne, mais qui a dit que l’Italie était moderne? Cet épisode témoigne que la chasse au weirdo reste un mode de gouvernement dans les sociétés instables et une façon de mobiliser les esprits contre un ennemi unique et fédérateur. On rappellera pour mémoire les invraisemblables films tournés en 16 mm dans les toilettes publiques de la ville américaine de Mansfield (Ohio) en 1962, et destinés à faire tomber d’honnêtes pères de famille dont on redoutait la concurrence en affaires ou aux élections. Le film en question, qui a dévasté la vie de 38 hommes consentants de tous âges, dont le seul crime était d’avoir menti à leur femme, mais qui ont été publiquement accusés de sodomie a été restauré à des fins militantes par un cinéaste pro-gay sous le titre Tearoom . On peut le trouver sur internet.http://fypa.net/tearoom-ohio-police-film-of-cruising-in-1962/. Il oblige à se souvenir que l’accusation de sodomie est une maladie infantile dans les sociétés humaines et qu’une soixantaine de pays dans le monde y ont encore recours pour faire tomber opposants ou ennemis. Ils devraient faire l’objet de sanctions internationales comme ceux qui trafiquent du combustible nucléaire mais nous verrons que la chose n’est pas entièrement exclue.
Ni l’église catholique, ni le christianisme ne sont plus officiellement dans le camp de ceux qui incitent à mener des rafles dans les bains publics au nom de la morale. On ne peut pas en dire autant, visiblement, de la politique islamique. C’est ce qui incite à penser que l’attitude des catholiques à l’égard des weirdos va changer, ne serait-ce que pour sortir de la névrose séculaire qui lui fait blâmer un phénomène biologique, psychologique et social alors qu’elle fait corps avec lui.
Pour permettre à ceux que de récentes interventions radio-télé de l’auteur auraient décidé à se renseigner davantage contre les obscurantistes qui se nourrissent de l’ignorance d’autrui (outre le contenu de ce blog qui comprend une centaine d’articles brefs abordant tous les thèmes du livre), voici des références et des sources scientifiques, ultra-récentes pour la plupart, en anglais en en français.
En anglais :
http://www.nature.com/news/epigenetic-tags-linked-to-homosexuality-in-men-1.18530
En français :
http://fr.ubergizmo.com/2014/06/07/homosexualite-genetique-etude.html
http://fr.ubergizmo.com/2014/11/19/scientifiques-gene-homosexualite.html
http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2010/02/10/on-nait-homosexuel-on-ne-choisit-pas-de-letre-137668
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/capsules/outil_bleu34.html
http://gayanddignity.yagg.com/2012/12/28/lhomosexualite-est-innee-et-non-bien-mal-acquise/
Les lesbiennes pionnières de l’aviation nous fournissent un puissant indice sur leur taux d’exposition aux androgènes
Quand on applique à la question de l’homosexualité la méthode intuitive qui consiste à s’écrier ” il y a sûrement quelque chose là-dessous”, on est frappé de mesurer l’extraordinaire correspondance entre les théories de Baron Cohen sur le cerveau mâle, ses rapports avec la troisième dimension, et l’histoire des pionniers de l’aviation. Des pionnières notamment. Si la théorie selon laquelle tout tient au déplacement du curseur génétique et hormonal vers la masculinité, voire l’hyper-masculinité, les femmes lesbiennes devraient présenter, outre leur goût pour la mécanique et les choses de l’air, des caractères mentaux et physiques propres au genre mâle.
Une promenade à grandes enjambées chez les premières aviatrices célèbres permet de se convaincre que les passionnées de vol ont reçu beaucoup d’androgènes. Le premier trait commun, y compris chez les femmes mariées, c’est le côté extraordinairement compulsif de cette passion d’autant plus imprévisible et spontanée que l’aviation venait à peine de naître . L’engouement pour l’air chez un certain type de femmes entre 1900 et 1940 est tellement immédiat et obsessionnel qu’il invite à s’interroger. La plupart des pionnières ont tout abandonné pour l’avion, tout négligé pour satisfaire cette passion qui leur a bien souvent coûté la vie. La galerie de portraits est spectaculaire à l’exemple de celui d’Hélène Boucher, qui, sous son casque en cuir, ressemble à Jean Gabin dans la Bête Humaine.
Elle mène une carrière intrépide de pilote d’essai, fréquente assidûment la fille du peintre Van Dongen, et ne se marie pas. La première brevetée au monde, Élisa Léontine Deroche, commence sa carrière en 1910 et bat plusieurs records d’altitude. Elle meurt célibataire. Marie Marvingt est décorée de la croix de guerre comme pilote en 1915 après avoir parcouru pendant des mois les tranchées sous un uniforme masculin. Extraordinaire pilote sanitaire, parlant sept langues, elle reçoit des tombereaux de décorations et passe son brevet d’hélicoptère à 80 ans. Morte célibataire. Maryse Bastié, engagée dans le combat féministe aux côtés d’Hélène Boucher et d’Adrienne Bolland après la guerre, était mariée mais sans enfants, tout comme Adrienne Bolland elle-même mariée sur le tard mais très amie avec Liane de Pougy dont la réputation était à l’époque assez ambivalente. Aux Etats-Unis la figure de Bessica Raiche est légitimement célèbre, non seulement elle fut une pionnière de l’aviation après avoir construit son avion dans sa cuisine mais elle vivait en pantalons dès 1910, parlait plusieurs langues, peignait, jouait de la musique et finit gynécologue en Californie. L’histoire ne dit pas si elle contracta un mariage d’amour ou de raison mais elle était mariée à un avocat. Amelia Earheart, pilote habituée des records, écrivain, mariée à la condition de garder une certaine liberté (on a retrouvé la lettre à son futur mari), à la silhouette garçonne très prononcée, disparue dans le Pacifique avec tous ses secrets. Cette liste doit mentionner pour finir la première femme astronaute, Sally Ride, qui est morte d’un cancer en 2012 et dont le lesbianisme a été évoqué, à sa demande, lors de son oraison funèbre.
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